L’histoire en débat(s). Une nouvelle querelle des anciens et des modernes? | Kontroverse Geschichte: Ein neuer Disput zwischen den Generationen?
vendredi, 1. juillet
17:15 jusqu'à 18:45 heures
Salle M R290
En novembre 2018, 80 intellectuels français faisaient paraître un «appel» dans lequel ils dénonçaient violemment «la stratégie hégémonique du décolonialisme» qui, au nom de la lutte pour le respect des minorités, exercerait un véritable «terrorisme».
Dans sa virulence, ce texte soulève des questions et signale des problèmes qui doivent interpeller les historiennes et les historiens. Depuis quelques décennies déjà, l’attention portée à des sujets ou à des groupes dits «subalternes» provoque un certain élargissement thématique et géographique des champs d’investigation couverts par notre discipline. Or, cet accroissement réjouissant du périmètre scientifique paraît s’accompagner d’un changement méthodologique notable. L’objectivité jadis supposée émerger de la distance du chercheur et de la chercheuse avec son objet d’étude semble parfois, aujourd’hui, devoir être remplacée par un impératif de proximité, susceptible d’assurer un «ressenti» nécessaire à la bonne compréhension de la matière traitée. Par contrecoup, ce retournement stimule la crainte de voir rétrécir les domaines dont chacune et chacun, en fonction de son identité, pourrait creuser le passé.
D’un point de vue épistémologique, l’histoire traverserait donc une phase de mutation qui mérite d’être débattue car elle pose question(s). Un citoyen suisse serait-il plus prompt à se lancer dans le déchiffrement des contresens du récit historique helvétique ou, au contraire, le décentrement du regard d’un historien étranger permet-il une analyse plus fine? Est-il incongru de penser qu’il faille être une femme pour faire l’histoire des femmes? Ou alors d’être issu d’une minorité et avoir approché la mémoire du colonialisme pour en étudier le développement? Comment traiter l’évolution des rapports de force entre dominants et dominés, quand leur souvenir, voire leur réalité, persistent? Toutes ces interrogations confirmeraient l’hypothèse d’une mutation historienne assez importante pour susciter des tensions dont les Français, héritiers d’une puissance coloniale conséquente et nourris du message universaliste de la République, éprouvent les effets. Mais y a-t-il moyen de concilier ces positions dans un contexte très polarisé? Dans ce débat, les historiens et les historiennes de Suisse, pays du consensus nécessaire, ont-ils un avis particulier à donner? Tel est tout cas le point de départ de cette table ronde, dont les discussions entendent dépasser la polémique pour faire des développements récents de notre discipline un réel enrichissement.
Version allemande
Im November 2018 publizierten 80 französische Intellektuelle einen Aufruf, in dem sie «die hegemoniale Lesart des Postkolonialismus» verurteilten. Diese würde unter dem Deckmantel des Kampfes für die Anerkennung von Minoritäten den intellektuellen Diskurs zusehends dominieren und abweichende Meinungen verunglimpfen.
Nicht zuletzt wegen seiner Heftigkeit wirft der Text Fragen auf und weist auf Probleme hin, die für Historikerinnen und Historiker relevant sind. Das seit einigen Jahrzehnten erwachende Interesse der historischen Forschung an «subalternen» Subjekten und Gruppen hat zu einer deutlichen Veränderung der wissenschaftlichen Herangehensweise geführt. Wurde früher die Distanz des Forschers bzw. der Forscherin zum Untersuchungsgegenstand für ein Mindestmass an Objektivität als notwendig erachtet, wird heute zusehends die Nähe dazu eingefordert. Nur so lasse sich dieser überhaupt verstehen. Allerdings weckt diese Forderung die Befürchtung, dass Historikerinnen und Historiker nur zu Themen forschen können, zu denen sie sich aufgrund ihrer persönlichen Biographie berufen fühlen.
Aus epistemologischer Sicht durchläuft die Geschichtswissenschaft derzeit also einen Paradigmenwechsel, der Fragen aufwirft. Ist ein Schweizer Bürger eher befähigt, die Widersprüche der helvetischen Geschichte zu verstehen, oder erlaubt gerade der «dezentrierte Blick» eines ausländischen Forschenden auf die Schweizer Geschichte eine grössere Objektivität? Muss man Frau sein, um über die Geschichte der Frauen arbeiten zu können? Muss man einer Minorität angehöhren, die vom Kolonialismus betroffen war, um dieses Phänomen überhaupt verstehen zu können? Wie kann man sich mit der Entwicklung der Machtverhältnisse zwischen Herrschenden und Beherrschten befassen, wenn diese bzw. die Erinnerung daran fortbestehen? Diese Entwicklung innerhalb der Forschung weist auf einen Wandel innerhalb der Geschichtswissenschaft hin, der sich in Frankreich mit seiner Vergangenheit als ehemalige Kolonialmacht und universalistischen Konzeption der Republik am deutlichsten kristallisiert. Gibt es vielleicht jenseits der Polemik Möglichkeiten, die Extreme zu versöhnen? Könnten vielleicht gerade Historikerinnen und Historiker aus der Schweiz, einem konsensorientierten Land, einen Beitrag zur Debatte liefern? Diese Fragen bilden den Ausgangspunkt der Podiumsdiskussion. Sie soll über die Polemik hinausgehen und die genannten Entwicklungen für unsere Disziplin fruchtbar machen.