La vérole sous les tropiques: colonisation et syphilis en l’Afrique de l'Ouest

De par sa supposée origine américaine, l'histoire de la syphilis est intimement liée à celle des colonisations européennes. Ce récit est cependant remis en cause dès l'époque moderne par des médecins ou voyageurs constatant l'existence de «vérolés» chez les populations africaines rencontrées dans les comptoirs ou dans les colonies d'Amérique, et élaborant des théories concurrentes. La question de l'existence d'une forme de syphilis propre aux Africains se pose et contribue à la genèse des conceptions raciales de la fin du 18e siècle. Un siècle plus tard, cette question est loin d'être résolue et fait l'objet d'un débat parmi les médecins des colonies. Les frontières entre la syphilis et d’autres formes endémiques de tréponématoses restent floues, même après les premières observations des différents tréponèmes au microscope au début du 20e siècle. Outre cela, la nature unique de la syphilis suscite la controverse. Est-elle la même lorsqu’elle est contractée en Europe ou sous les tropiques?

Cette communication ébauchera une généalogie coloniale de la «grande vérole», en insistant sur les dimensions sociales et culturelles liées à cette question, et en s’intéressant aux évolutions des théories médicales sur un temps long. Elle s'appuiera principalement sur l'exemple de la médecine coloniale française en Afrique de l'Ouest.

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