Découvrir la nature environnante et la décrire: Georges-Constantin Naville (1755-1789) et ses cahiers de voyage

La Suisse de la seconde moitié du XVIIIème siècle est un territoire qui se transforme avec les débuts de l’industrialisation, bien que l’image stéréotypée de l’Helvétie véhiculée par certains auteurs comme Albrecht von Haller ou Jean-Jacques Rousseau dans leurs œuvres poétiques ou romanesques repose sur l’attrait que représentent pour les voyageurs étrangers les paysages alpins vertigineux et les habitants qui sont réputés vivre libres et heureux. Cette représentation fantasmée d’une nation arcadienne imprègne également l’imaginaire de jeunes hommes de bonnes familles comme Georges-Constantin Naville, originaire de Genève et curieux de mieux connaître la Suisse. Dans sa Relation d’un voyage fait aux salines & aux glacières en juillet 1772 et dans ses Lettres de voyage de 1779-1780, le jeune «touriste» décrit son parcours et ses émotions au fil de ses pérégrinations, d’abord le long du lac Léman et dans les Alpes valaisannes, puis en territoire bernois et dans la chaîne du Jura. Naville s’extasie devant les beautés de la nature, sans manquer non plus de souligner les progrès techniques accomplis par l’Homme et son emprise sur la nature. La perception des éléments naturels en milieu urbain et celle, complémentaire, de l’urbanité visible dans la nature sont au cœur des récits de voyages de Naville. Ses descriptions reflètent l’attention toujours plus grande apportée à la nature comme élément constitutif de l’esprit national et au caractère unique de la beauté du paysage suisse, y compris dans les villes, des sentiments révélateurs d’une nouvelle perception de l’environnement dans la seconde moitié du XVIIIème siècle.

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