Progrès technologique, progrès social et visions alternatives de l'environnement du travail [Panel #40]

vendredi, 1. juillet
09:00 jusqu'à 10:30 heures
Salle M R170

À ce jour, les recherches sur le travail et l’environnement se sont déployées dans deux directions majeures. Elles ont d’abord analysé l'impact de l'activité humaine sur la santé au travail et sur l’environnement dans une perspective de longue durée. Malgré l’éclatement des objets d’étude et des approches, ces recherches ont montré que la perception des liens entre travail, santé et environnement ne s’impose jamais spontanément aux acteurs concernés mais est la conséquence d’un processus conflictuel de reconnaissance des risques que l’activité industrielle fait peser sur le lieu de travail et sur la nature. Un second pan de la recherche, en particulier en histoire environnementale du travail, s’est attaché à analyser les représentations, les acteurs et les modes de gouvernance qui ont cherché à dépasser la contradiction entre production et préservation de la nature. Les recherches ont notamment mis en lumière des moments de dialogue, à l’échelle locale et internationale, entre les individus et les groupes sociaux avec la nature.

Malgré la richesse des analyses proposées, l’un des angles morts de la recherche demeure le rôle joué par les technologies – et plus largement le progrès technologique – dans l’évolution des rapports entre travail et environnement. Encore largement programmatique, la synthèse des approches en histoire socio-économique, en histoire des sciences et des techniques et en histoire environnementale s’avère heuristique pour au moins quatre raisons. La première tient au rôle des scientifiques, des experts et des ingénieurs non seulement dans la mise en invisibilité des risques socio-environnementaux mais aussi dans la définition même de ce qu’est un environnement du travail sûr et sain. Au-delà du rôle médiateur des sciences et des technologies dans la négociation des risques, l’ambivalence des sciences et des technologies – et c’est là la deuxième raison – demande à être analysée plus précisément. Cause de dégâts, de pollution et de menaces pour la santé, la technologie est aussi au cœur des mécanismes de protection de la santé au travail et de l’environnement à l’échelle locale et internationale. La troisième raison renvoie aux questions de gouvernementalité et de pouvoir. En tant qu’instrument de pouvoir, la technologie – et sa maîtrise – transforme les capacités du corps physique et du corps social à appréhender et à gérer les risques au travail et les risques sanitaires. Enfin, la dernière raison tient à l’importance des configurations socio-techniques dans la définition des rapports internationaux sur les enjeux environnementaux du travail.

S’appuyant sur leur recherche dans le domaine de l’histoire des sciences et des technologies, de l’histoire du travail et de l’histoire environnementale dans une perspective locale, transnationale et globale, les coordinateurs de ce panel souhaitent mettre en avant les approches analytiques qui interrogent l’évolution des rapports entre progrès social, progrès technologique et nature.

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